Nuit mystérieuse sur les quais de Paris
Ce soir je vous propose une petite balade nocturne sur les quais de Paris en compagnie d’un étranger et de Charles Baudelaire…
L’étranger
« Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
– Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
– Tes amis ?
– Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
– Ta patrie ?
– J’ignore sous quelle latitude elle est située.
– La beauté ?
– Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
– L’or ?
– Je le hais comme vous haïssez Dieu.
– Eh! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
– J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! »Charles Baudelaire – Le Spleen de Paris
A propos de Charles Baudelaire :
Charles Baudelaire est né à Paris en 1821 et il y est mort en 1867. Du Romantisme, Baudelaire hérite la vision du poète en marge de la société humaine, plus près de Dieu (Bénédiction) ou de Satan (Les Litanies de Satan) que du monde terrestre (L’Albatros). Ce refus du monde matériel, notamment de l’univers bourgeois triomphant qui s’impose à la France pendant le 19e siècle, s’incarne dans une imagerie où les mouvements ascendants – élévation symbolisant le spirituel (cf. le thème de l’ange), le mystique et le génie artistique (Les Phares) – s’opposent aux «miasmes morbides» de la Terre (Élévation), à la chute dans le néant (Le Goût du néant) et au poids du Spleen et du Temps (Spleen et La Chambre double). Cette lutte entre le haut et le bas, entre l’Idéal et le Spleen, se poursuivra tout le long des Fleurs du Mal à travers de nouveaux thèmes comme la ville, le vin, le mal et la révolte, pour aboutir à l’ultime espoir, au dernier voyage : la mort.
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